Si l'on dit à la vague :
"Tu es dans la mer",
elle répond :
"C'est vrai."
"Et où, lui demande-t-on, alors commence la mer ?"
"Là, dit-elle, juste où s’arrête mon écume. Je suis ici et là, à côté se trouve la mer."
Et si on l'interroge plus avant :
" Et toi ? N'es-tu pas une vague de la mer, n'es-tu pas toi-même la mer à la façon dont elle apparaît dans une vague ?"
Tout comme pour "la feuille et l'arbre" d'un précédent post, reconnaître que l'on est une partie du Tout, que l'on est même le Tout selon sa modalité de partie, exige une certaine forme de conscience. Une conscience différente de celle qui voit comme séparé et distinct d'elle-même le Tout dans lequel elle est et qui est en elle.
La vague le comprendra peut-être intellectuellement. Mais il lui faudra une autre conscience pour sentir la vérité vivante de ce fait que la mer n'est pas simplement "là", objectivement présente en face d'elle et opposé à elle, mais qu'elle est contenue dans la vision d'une conscience intériorisée. Alors seulement la vague aura une conscience intime, non objective, d'être la mer. Cette conscience, et elle seule, lui permettra de percevoir ce qui lui est caché par la conscience objective.
L'origine de l'homme est double, céleste et terrestre. Comme la vague son "être-mer", c'est lorsque dans son intuition profonde, il saura que le Tout présent en lui est sa vie secrète, sa patrie transcendante, qu'il connaîtra son origine céleste. Elle sera alors expérience, promesse et vocation, et il n'aura plus besoin de se contenter d'y croire.
Court extrait du livre "L'homme et sa double origine" de Karlfried Graf Dürckheim aux éditions Albin Michel.
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